«Roméo et Juliette», avec le texte intégral de Shakespeare, en BD.
Quand David Amorin et son scénariste copain de collège et voisin de lotissement, Stéphane Margaria, envoient leurs premières planches à l’éditeur Vents d’Ouest, les garçons n’ont pas 25 ans. «Sur le moment, on n’a pas compris notre chance par rapport à tous ceux qui galèrent pendant des années.»
David a un coup de crayon dynamique, clair, fait pour le comique. Stéphane est gratifié lui aussi d’un talent certain pour le dessin, mais moins que son camarade - il le sait, il le dit. Alors il écrira le scénario, domaine où n’excelle pas David. Les équipiers rigolent: «normal : David = D comme dessin ; Stéphane = S, comme scénario».
Puis, l’éditeur nourrit une idée folle. Du jamais fait, du jamais vu, dans le vaste monde de la BD où il sort, en France, 4 000 albums par an. Roméo et Juliette en BD. Pas une évocation. Le texte intégral de Shakespeare, distribué sur 364 planches! Un travail de titan. Dix heures par jour sur la table lumineuse, quinze mois de boulot. Le texte de Shakespeare, ce n’est pas les blagues de potache de surfeurs de Stéphane. «Évidemment, je n’avais jamais lu Shakespeare. Là, je l’épluche phrase à phrase, mot à mot. À y regarder de si près, il y a des défauts dans le texte de ce gars-là.» Stéphane enrage: ce «Roméo et Juliette» est trop bouffeur de temps pour le dessinateur. Car lui, il a une autre idée en tête, une autre BD, très différente des surfeurs. Dès que les Montaigut et la Capulet seront morts...
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