Les potentialités de la bande dessinée à Maurice
L'histoire de la BD à Maurice commence dans les années 50, avec le journal Action, qui, grâce à une liberté de ton et un humour satirique, deviendra très vite un journal populaire au sein de la population mauricienne.
Dès le premier numéro, une bande dessinée narrait les aventures de Pierre Kiroulle, reporter détective. Cette série était signée ROG, pseudonyme de Roger Merven, rédacteur en chef du journal et caricaturiste renommé. Même si elle n'a connu que 5 numéros, cette mini-série a marqué les débuts de la bande dessinée à Maurice.
À partir de mars 1958, JAC, nom de plume de Jacques Charoux, reprendra le flambeau et dessinera également des mini-séries oscillant entre caricatures et strips sans paroles mettant en scène le même personnage: un cul-de-jatte dans Les demi-portions et un mendiant dans Bon dié béni ou.
Les premières planches illustrées en couleur furent l'œuvre du peintre Ismet Ganti qui, en 1970, publia dans Virginie, le magazine de la Mauricienne, 2 planches d'une série inspirée d'un de ses poèmes La légende de Menala. Malheureusement, ce magazine qui perdura jusque dans les années 80 ne poursuivra pas la série.
En parallèle à ses tentatives, et 40 ans après le célèbre Gabriel Gillet, Roger Merven commençait une longue carrière de caricaturiste marquée à ses débuts par des personnages aux grosses têtes et aux petits corps, inspirés par le magazine britannique "Punch".
Dès le premier numéro, une bande dessinée narrait les aventures de Pierre Kiroulle, reporter détective. Cette série était signée ROG, pseudonyme de Roger Merven, rédacteur en chef du journal et caricaturiste renommé. Même si elle n'a connu que 5 numéros, cette mini-série a marqué les débuts de la bande dessinée à Maurice.
À partir de mars 1958, JAC, nom de plume de Jacques Charoux, reprendra le flambeau et dessinera également des mini-séries oscillant entre caricatures et strips sans paroles mettant en scène le même personnage: un cul-de-jatte dans Les demi-portions et un mendiant dans Bon dié béni ou.
Les premières planches illustrées en couleur furent l'œuvre du peintre Ismet Ganti qui, en 1970, publia dans Virginie, le magazine de la Mauricienne, 2 planches d'une série inspirée d'un de ses poèmes La légende de Menala. Malheureusement, ce magazine qui perdura jusque dans les années 80 ne poursuivra pas la série.
En parallèle à ses tentatives, et 40 ans après le célèbre Gabriel Gillet, Roger Merven commençait une longue carrière de caricaturiste marquée à ses débuts par des personnages aux grosses têtes et aux petits corps, inspirés par le magazine britannique "Punch".
Des auteurs inspirés par leur Île
Le premier album édité sur l'Île en 1976 est l'œuvre de Rafik Gulbul qui parodie le milieu politique mauricien avec son œuvre créolophone Repiblik z'animo, sorte de météorite isolée dans le monde de l'édition locale.
Le premier album édité sur l'Île en 1976 est l'œuvre de Rafik Gulbul qui parodie le milieu politique mauricien avec son œuvre créolophone Repiblik z'animo, sorte de météorite isolée dans le monde de l'édition locale.
En 1987, sort un second album mauricien et le premier doté d'un scénario original, œuvre de Roger Merven et de Jacques Germond: Maumau, le dodo, album parodique sur la genèse. Passant en revue les grands faits de l'histoire humaine, l'album retrace la création du paradis terrestre jusqu'à la fin du monde…. des dodos !
Merven récidivera d'ailleurs avec un album sans paroles, Vents mauvais et autres perturbations cosmiques, édité après sa mort en 1995.
Mais son chef-d'œuvre reste un album satirique, concocté avec Yvan Lagesse, dit Volcy, sorti en 1979 et intitulé Comment vivre à Maurice en 25 leçons, réédité plusieurs fois depuis. Par la suite, Yvan Lagesse, publiera, en 2004, Pierre, Moïse, les autres et Moi, 17 ans après Le rosier de tonton et autres histoires sans Roger Merven, remplacé par Marc Randabel aux illustrations.
En publiant en 1992 deux planches dans l'album Au secours des éditions Calao, la jeune Joëlle Betsey est probablement la première bédéiste mauricienne à avoir été publiée en Occident, deux ans après son compatriote masculin, Eric Koo Sin Lin aux éditions Delcourt.
Quelques années plus tard, Sadon (alors pseudonyme de Annick Sadonnet) et Lallmohamed publiaient une histoire de l'Île Maurice en bande dessinée, intitulée L'aventure mauricienne: un pays est né, ouvrage assez médiocre qui sera distribué dans toutes les écoles de la république, grâce à un soutien gouvernemental.
À partir de 1999, le mois de la BD organisé par l'Alliance française de Maurice et soutenu par le projet franco - mauricien Lire en français de l'Ambassade de France, permit à quelques jeunes bédéistes de bénéficier d'ateliers de formation avec des professionnels français reconnus (Lepage, Rollin, Stassen, Valles, etc.). Cette initiative, couplée avec un concours annuel de BD qui donnait l'occasion au lauréat de participer au salon de la BD de Saint Malo, permit l'émergence des revues Ticomix et Koli explozif et la constitution d'un groupe de talents prometteurs. Dans la foulée, plusieurs salons furent organisés à Port Louis en 2003 et 2005, succédant à celui de la municipalité de Curepipe, en 1991, avec l'équipe du Cri du Margouillat.
Autre artiste issu du monde de la caricature, du graphisme et de la revue Ticomix, Laval NG reprendra la série culte Ballade au bout du monde, avec Pierre Makyo après avoir déjà produit deux albums aux États-Unis et remporté deux fois consécutivement le prix de la BD 1999 et 2000.
Au même moment, en 1999, Annick Sadonet publiait sous son nom d'épouse - Jean Louis - Baril de poudre: les aventures de Mario, le détective privé mauricien, mais cet album n'eut pas plus de succès que celui de l'agent Pescado, dessiné en 1991 par Alain Arouff, sous un format inspiré des heroïcs fantasy.
En 2000, quelques années après Roger Merven, Joseph Claude Jacques reprenait, avec moins d'humour, le thème du Dodo dans Heureux Dodo, un bel ouvrage sans textes légèrement influencé par le style manga.
Merven récidivera d'ailleurs avec un album sans paroles, Vents mauvais et autres perturbations cosmiques, édité après sa mort en 1995.
Mais son chef-d'œuvre reste un album satirique, concocté avec Yvan Lagesse, dit Volcy, sorti en 1979 et intitulé Comment vivre à Maurice en 25 leçons, réédité plusieurs fois depuis. Par la suite, Yvan Lagesse, publiera, en 2004, Pierre, Moïse, les autres et Moi, 17 ans après Le rosier de tonton et autres histoires sans Roger Merven, remplacé par Marc Randabel aux illustrations.
En publiant en 1992 deux planches dans l'album Au secours des éditions Calao, la jeune Joëlle Betsey est probablement la première bédéiste mauricienne à avoir été publiée en Occident, deux ans après son compatriote masculin, Eric Koo Sin Lin aux éditions Delcourt.
Quelques années plus tard, Sadon (alors pseudonyme de Annick Sadonnet) et Lallmohamed publiaient une histoire de l'Île Maurice en bande dessinée, intitulée L'aventure mauricienne: un pays est né, ouvrage assez médiocre qui sera distribué dans toutes les écoles de la république, grâce à un soutien gouvernemental.
À partir de 1999, le mois de la BD organisé par l'Alliance française de Maurice et soutenu par le projet franco - mauricien Lire en français de l'Ambassade de France, permit à quelques jeunes bédéistes de bénéficier d'ateliers de formation avec des professionnels français reconnus (Lepage, Rollin, Stassen, Valles, etc.). Cette initiative, couplée avec un concours annuel de BD qui donnait l'occasion au lauréat de participer au salon de la BD de Saint Malo, permit l'émergence des revues Ticomix et Koli explozif et la constitution d'un groupe de talents prometteurs. Dans la foulée, plusieurs salons furent organisés à Port Louis en 2003 et 2005, succédant à celui de la municipalité de Curepipe, en 1991, avec l'équipe du Cri du Margouillat.
Autre artiste issu du monde de la caricature, du graphisme et de la revue Ticomix, Laval NG reprendra la série culte Ballade au bout du monde, avec Pierre Makyo après avoir déjà produit deux albums aux États-Unis et remporté deux fois consécutivement le prix de la BD 1999 et 2000.
Au même moment, en 1999, Annick Sadonet publiait sous son nom d'épouse - Jean Louis - Baril de poudre: les aventures de Mario, le détective privé mauricien, mais cet album n'eut pas plus de succès que celui de l'agent Pescado, dessiné en 1991 par Alain Arouff, sous un format inspiré des heroïcs fantasy.
En 2000, quelques années après Roger Merven, Joseph Claude Jacques reprenait, avec moins d'humour, le thème du Dodo dans Heureux Dodo, un bel ouvrage sans textes légèrement influencé par le style manga.
De nos jours, le milieu des caricaturistes produit encore des talents comme Abdool Kalla, Stéphane Benoit, Asram ou Deven Teeroovengadum. Ce dernier qui avait déjà publié dans le Cri Du Margouillat proposait en 2005 et 2006, Sandy beach café en épisode dans Weekend scope, 12 ans après une première tentative, Jinee.
Sandy Beach Café
(avril 2006)
D'autres albums sont en préparation, en particulier celui du dessinateur Dave Sukur chez Glénat (sur un scénario de Ronan Kerbat), et, sur un plan local, Christelle Barbe, plusieurs fois remarquée aux concours BD, travaille sur un projet avec David Olivier, auteur de la série Sabrina.
La difficile émergence de la BD au Burkina
Les premiers essais de la bande dessinée burkinabaise commencent au début des années 80 dans la presse locale privée et gouvernementale.
En 1980, le quotidien privé L'observateur publie quelques illustrations et caricatures d'Anatole Kiba et Raya Sawadogo. Ce journal était le plus lu dans le pays jusqu'à la destruction de ses locaux, par un incendie criminel en 1984.
Les deux auteurs prendront alors par la suite un chemin différent. Anatole Kiba publiera, par épisode, dans Sidwaya, quotidien gouvernemental, la série Maître Kanon.
Quant à Raya Sawadogo, il signera le véritable démarrage de la bande dessinée au Burkina en publiant à compte d'auteur la série des Yirmaoga sous forme de petits livrets de volume variable (huit à vingt pages), écrits en français populaire (le français moussa parlé dans la rue) et relatant les mésaventures en ville d'un paysan moaga.
Ces petits récits comiques sont faciles à lire, et surtout, à raconter. Dans un premier temps, les aventures de Yirmaoga permettaient de critiquer la vie quotidienne des citoyens sans faire directement référence à la vie politique nationale. Par la suite, Yirmaoga se fait le témoin de situations difficiles nées de l'application de nouvelles mesures politiques. Yirmaoga est probablement resté le personnage de Bd le plus populaire du pays grâce au comique des situations décrites et à son rôle de dédramatisation sociale.
Par la suite, à la fin des années 80, Moussa Konaté fit éditer à compte d'auteur six ouvrages illustrés pour les enfants reprenant des contes locaux moralisateurs où le personnage central est un animal reconnu du panthéon animalier national : Le caïman, le chasseur et le lièvre ou le prix de l'ingratitude (1986), Le chat et les souris ou le danger de l'ignorance (1987), Le mari infidèle (1988), Le lièvre, l'éléphant et les pintades ou les méfaits des feux de brousse (1990), Le lièvre et les autres animaux de la brousse ou l'effet de la musique (1990), Le lièvre, l'éléphant et l'hippopotame ou l'avantage de l'intelligence sur la force (1991).
Mais Konaté cessa de produire au début des années 90.
Celles-ci furent surtout marquées par la montée des caricatures et dessins de presse qui, comme sur le reste du continent, fleurirent à l'occasion de la libéralisation des médias.
C'est au cours de ces années que le bédéiste congolais Cyprien Sambu Kondi s'installe au Burkina Faso et commence à travailler comme dessinateur de presse et caricaturiste au Matinal, de 1996 à 1998 puis à L'opinion, de 1998 à 2000. En 1999, Sambu Kondi publia chez Zedcom, éditeur de L'opinion, un ouvrage intitulé Yennenga, la princesse amazone, BD en noir et blanc réalisée et financée par le Comité National de lutte contre le sida et les MST. L'histoire relate la vie de Yennenga, la princesse amazone, fondatrice du peuple Mossi. Le scénario se concentre sur l'histoire d'amour de la guerrière avec un chasseur et l'acceptation de cette union par son père.
L'année 2000 fut celle de la renaissance, avec l'apparition de nouveaux talents.
Elle s'illustre à travers la revue Kouka, une revue de bande dessinée pour la jeunesse éditée annuellement par le REN - LAC (Réseau national de lutte anti-corruption) et tirant à 5 000 exemplaires. Sur un scénario de Noraogo Sawadogo, les dessinateurs changent régulièrement, ce qui permet d'observer un assez large échantillon du milieu.
Le numéro 2 de Kouka intitulé Sur le chemin de l'école et le numéro 3, Les cotisations des parents d'élèves et mes devoirs, étaient dessinés par Anatole Kiba, 20 ans après Maître Kanon.
C'est, une des rares femmes du métier (avec la scénariste Sophie Heidi Kam), Diane Myriam Ouedrago, qui dessina le numéro 4, Bila et les policiers. Elle sera également publiée en Italie, avec A malin, malin et demi, dans l'anthologie Africa comics 2003, suite à un concours organisé par Africa e mediterraneo. Ouedrago collabore par ailleurs au mensuel humoristique L'essentiel du Faso où elle publie, sous le nom de Diane, des histoires à suivre.
Après le N° 5, axé sur les infirmiers, le numéro 6, sorti en juillet 2006, abordait le cas des notes sexuellement transmissibles (NST) attribuées par certains enseignants à certaines élèves. Il était dessiné par Timpousga Kaboré, plus connu sous le nom de Timpous, figure marquante de la BD au Burkina. Né en 1957, il collabore régulièrement au journal L'indépendant. Auteur de plusieurs BD pour des ONG, il est le premier bédéiste burkinabé publié en Europe avec une planche inédite de 1999, Le cas Zongo, repris dans le répertoire italien de BD africaine: Matite africane. L'anthologie 2005 - 2006 de Africa comics publiera également une de ces histoires sans titre en 4 planches. En 2005, Timpous fut également sollicité par l'éditeur Dieudonné Soubeiga pour dessiner un album de caricatures politiques sur les élections présidentielles à venir : Les douze stars du Faso foot. En 2006, on doit également à Timpous le récit Senghor chez Maître Pacéré et la couverture de Senghor cent ans: la Bd burkinabaise célèbre le poète - président, album collectif noir et blanc où des artistes, dessinateurs et scénaristes professionnels ou néophytes rendent hommage à Senghor et témoignent de la vitalité de la Bd locale.
En 2001, sortait l'une des rares bandes dessinées publiée par un éditeur privé : Wambi de Joël Salo, chez Hamaria. Présentée dans une édition de qualité (grand format, couverture en papier glacée), cette œuvre en noir et blanc racontait, sur un mode burlesque, l'histoire d'un père de famille incapable de nourrir ses 9 enfants. Joël Salo sera l'un des deux Burkinabais sélectionnés lors du concours Vue d'Afrique du Festival d'Angoulême 2006 avec France, au revoir. Salo, qui publie dans la presse locale (Sidwaya et Bendre) et a fondé sa propre agence de communication, a également participé à la BD collective sur Senghor avec Négritude, je t'emm.
Damien Glez, dessinateur de presse français installé au Burkina après son service militaire, est le pilier du journal du jeudi, appelé Jiji, une revue humoristique créée et imprimée à Ouagadougou depuis 1991. Tiré à 15 000 exemplaires, Jiji est distribué dans de nombreux pays africains francophones (Cameroun, Togo, Burkina Faso, Gabon, Mali, Niger, Côte d'Ivoire, Sénégal…) et par Internet.
En 2001, Glez et Boubakar Diallo créaient Le marabout, une revue d'information panafricaine également humoristique avec une équipe de dessinateurs et de scénaristes burkinabés, camerounais, français, belges, anglais et américains, associés au sein du RALI (Réseau Africain pour la Liberté d'Informer).
Zoumabé Sylvestre Kwene, dit Gringo, publie régulièrement dans L'observateur Paalga. Avec Zoom sur Ouaga, il a été sélectionné pour le concours Vue d'Afrique du Festival d'Angoulême 2006 où le Burkina Faso sera le seul pays à compter deux sélectionnés parmi les dix lauréats. Ce succès sera confirmé la même année par la sélection de trois de ces planches dans l'anthologie 2005 - 2006 de Africa comics. Kwene a également dessiné trois histoires courtes dans l'ouvrage sur Senghor.
Malheureusement, comme dans les autres pays d'Afrique, le marché burkinabé de la bande dessinée est inexistant. La plupart des œuvres citées sont subventionnées par des ONG internationales, la coopération française ou le Centre culturel français. Cette dépendance n'est pas le gage d'un avenir positif pour ces artistes. Par conséquent, les dessinateurs et illustrateurs burkinabés restent cantonnés à la caricature et au dessin de presse, beaucoup plus rémunérateurs. On ne peut réellement parler d'un milieu du 9e art au Burkina Faso, où il reste très embryonnaire et peu structuré...
En 1980, le quotidien privé L'observateur publie quelques illustrations et caricatures d'Anatole Kiba et Raya Sawadogo. Ce journal était le plus lu dans le pays jusqu'à la destruction de ses locaux, par un incendie criminel en 1984.
Les deux auteurs prendront alors par la suite un chemin différent. Anatole Kiba publiera, par épisode, dans Sidwaya, quotidien gouvernemental, la série Maître Kanon.
Quant à Raya Sawadogo, il signera le véritable démarrage de la bande dessinée au Burkina en publiant à compte d'auteur la série des Yirmaoga sous forme de petits livrets de volume variable (huit à vingt pages), écrits en français populaire (le français moussa parlé dans la rue) et relatant les mésaventures en ville d'un paysan moaga.
Ces petits récits comiques sont faciles à lire, et surtout, à raconter. Dans un premier temps, les aventures de Yirmaoga permettaient de critiquer la vie quotidienne des citoyens sans faire directement référence à la vie politique nationale. Par la suite, Yirmaoga se fait le témoin de situations difficiles nées de l'application de nouvelles mesures politiques. Yirmaoga est probablement resté le personnage de Bd le plus populaire du pays grâce au comique des situations décrites et à son rôle de dédramatisation sociale.
Par la suite, à la fin des années 80, Moussa Konaté fit éditer à compte d'auteur six ouvrages illustrés pour les enfants reprenant des contes locaux moralisateurs où le personnage central est un animal reconnu du panthéon animalier national : Le caïman, le chasseur et le lièvre ou le prix de l'ingratitude (1986), Le chat et les souris ou le danger de l'ignorance (1987), Le mari infidèle (1988), Le lièvre, l'éléphant et les pintades ou les méfaits des feux de brousse (1990), Le lièvre et les autres animaux de la brousse ou l'effet de la musique (1990), Le lièvre, l'éléphant et l'hippopotame ou l'avantage de l'intelligence sur la force (1991).
Mais Konaté cessa de produire au début des années 90.
Celles-ci furent surtout marquées par la montée des caricatures et dessins de presse qui, comme sur le reste du continent, fleurirent à l'occasion de la libéralisation des médias.
C'est au cours de ces années que le bédéiste congolais Cyprien Sambu Kondi s'installe au Burkina Faso et commence à travailler comme dessinateur de presse et caricaturiste au Matinal, de 1996 à 1998 puis à L'opinion, de 1998 à 2000. En 1999, Sambu Kondi publia chez Zedcom, éditeur de L'opinion, un ouvrage intitulé Yennenga, la princesse amazone, BD en noir et blanc réalisée et financée par le Comité National de lutte contre le sida et les MST. L'histoire relate la vie de Yennenga, la princesse amazone, fondatrice du peuple Mossi. Le scénario se concentre sur l'histoire d'amour de la guerrière avec un chasseur et l'acceptation de cette union par son père.
L'année 2000 fut celle de la renaissance, avec l'apparition de nouveaux talents.
Elle s'illustre à travers la revue Kouka, une revue de bande dessinée pour la jeunesse éditée annuellement par le REN - LAC (Réseau national de lutte anti-corruption) et tirant à 5 000 exemplaires. Sur un scénario de Noraogo Sawadogo, les dessinateurs changent régulièrement, ce qui permet d'observer un assez large échantillon du milieu.
Le numéro 2 de Kouka intitulé Sur le chemin de l'école et le numéro 3, Les cotisations des parents d'élèves et mes devoirs, étaient dessinés par Anatole Kiba, 20 ans après Maître Kanon.
C'est, une des rares femmes du métier (avec la scénariste Sophie Heidi Kam), Diane Myriam Ouedrago, qui dessina le numéro 4, Bila et les policiers. Elle sera également publiée en Italie, avec A malin, malin et demi, dans l'anthologie Africa comics 2003, suite à un concours organisé par Africa e mediterraneo. Ouedrago collabore par ailleurs au mensuel humoristique L'essentiel du Faso où elle publie, sous le nom de Diane, des histoires à suivre.
Après le N° 5, axé sur les infirmiers, le numéro 6, sorti en juillet 2006, abordait le cas des notes sexuellement transmissibles (NST) attribuées par certains enseignants à certaines élèves. Il était dessiné par Timpousga Kaboré, plus connu sous le nom de Timpous, figure marquante de la BD au Burkina. Né en 1957, il collabore régulièrement au journal L'indépendant. Auteur de plusieurs BD pour des ONG, il est le premier bédéiste burkinabé publié en Europe avec une planche inédite de 1999, Le cas Zongo, repris dans le répertoire italien de BD africaine: Matite africane. L'anthologie 2005 - 2006 de Africa comics publiera également une de ces histoires sans titre en 4 planches. En 2005, Timpous fut également sollicité par l'éditeur Dieudonné Soubeiga pour dessiner un album de caricatures politiques sur les élections présidentielles à venir : Les douze stars du Faso foot. En 2006, on doit également à Timpous le récit Senghor chez Maître Pacéré et la couverture de Senghor cent ans: la Bd burkinabaise célèbre le poète - président, album collectif noir et blanc où des artistes, dessinateurs et scénaristes professionnels ou néophytes rendent hommage à Senghor et témoignent de la vitalité de la Bd locale.
En 2001, sortait l'une des rares bandes dessinées publiée par un éditeur privé : Wambi de Joël Salo, chez Hamaria. Présentée dans une édition de qualité (grand format, couverture en papier glacée), cette œuvre en noir et blanc racontait, sur un mode burlesque, l'histoire d'un père de famille incapable de nourrir ses 9 enfants. Joël Salo sera l'un des deux Burkinabais sélectionnés lors du concours Vue d'Afrique du Festival d'Angoulême 2006 avec France, au revoir. Salo, qui publie dans la presse locale (Sidwaya et Bendre) et a fondé sa propre agence de communication, a également participé à la BD collective sur Senghor avec Négritude, je t'emm.
Damien Glez, dessinateur de presse français installé au Burkina après son service militaire, est le pilier du journal du jeudi, appelé Jiji, une revue humoristique créée et imprimée à Ouagadougou depuis 1991. Tiré à 15 000 exemplaires, Jiji est distribué dans de nombreux pays africains francophones (Cameroun, Togo, Burkina Faso, Gabon, Mali, Niger, Côte d'Ivoire, Sénégal…) et par Internet.
En 2001, Glez et Boubakar Diallo créaient Le marabout, une revue d'information panafricaine également humoristique avec une équipe de dessinateurs et de scénaristes burkinabés, camerounais, français, belges, anglais et américains, associés au sein du RALI (Réseau Africain pour la Liberté d'Informer).
Zoumabé Sylvestre Kwene, dit Gringo, publie régulièrement dans L'observateur Paalga. Avec Zoom sur Ouaga, il a été sélectionné pour le concours Vue d'Afrique du Festival d'Angoulême 2006 où le Burkina Faso sera le seul pays à compter deux sélectionnés parmi les dix lauréats. Ce succès sera confirmé la même année par la sélection de trois de ces planches dans l'anthologie 2005 - 2006 de Africa comics. Kwene a également dessiné trois histoires courtes dans l'ouvrage sur Senghor.
Malheureusement, comme dans les autres pays d'Afrique, le marché burkinabé de la bande dessinée est inexistant. La plupart des œuvres citées sont subventionnées par des ONG internationales, la coopération française ou le Centre culturel français. Cette dépendance n'est pas le gage d'un avenir positif pour ces artistes. Par conséquent, les dessinateurs et illustrateurs burkinabés restent cantonnés à la caricature et au dessin de presse, beaucoup plus rémunérateurs. On ne peut réellement parler d'un milieu du 9e art au Burkina Faso, où il reste très embryonnaire et peu structuré...
Informations recueillies sur le site d'Africultures
Cliquez sur ce strip de Damien Glez pour accéder au site de ce dessinateur de presse.
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