L'enfant cachée

Tout est parti d’une question d’enfant en 2005, en l’occurrence la fille de Marc Lizano alors âgée de 4 ans et qui lui demandait ce qu’était une chambre à gaz... Comment expliquer les horreurs de la Shoah à des enfants? Parce que Loïc Dauvillier s’est lui aussi posé la question, les deux auteurs ont imaginé "L’enfant cachée", l’histoire d’une petite fille juive comme il y en eût des centaines.

Et cette histoire c’est celle que raconte Dounia, un soir, à sa petite-fille Elsa. Tout commence fin octobre 1940 quand les discriminations et les humiliations commises à l’encontre des juifs se multiplient. Etoile jaune, mise à l’écart à l’école, licenciement, bientôt Dounia et ses parents se cloitrent de plus en plus chez eux. Jusqu’à ce qu’une nuit, la police viennent tambouriner à leur porte...

"L’enfant cachée" parle avec des mots simples sans être infantilisants. Dounia petite fille n’a ni ressenti ni compris les évènements comme les adultes et Dounia grand-mère a choisi de raconter les choses aussi de cette façon à Elsa. Pour éviter tout traumatisme, l’horreur des camps d’extermination ne sera donc que suggérée à travers l’extrême maigreur des déportés libérés. De même, tout n’est pas noir dans ce récit : des voisins courageux, une paysanne hospitalière, une vie à la campagne protégée, des Français résistants, etc. Dauvillier le souligne lui-même : "Je voulais que l’on comprenne que l’homme est également capable des meilleurs choses". Un récit humaniste renforcé également par le dessin de Lizano dont les visages disproportionnés permettent de mieux rendre les émotions. Un album qui participe au devoir de Mémoire à mettre donc sans hésiter entre toutes les petites mains.

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2012 accueillera une exposition consacrée à l’album et à cette page sombre de l’Histoire : seront présentés, outre des planches de "L’enfant cachée", dix panneaux thématiques conçus par l’AJPN (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie).